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Festival Ânûû-Rû Âboro - Pwêêdi Wiimîâ du 13 au 21 octobre 2017

Festival 2017

11ᶱ festival international du cinéma des peuples Ânûû-rû Âboro du du 13 au 21 octobre 2017.

Éditos

Paul Néaoutyine
Président de la Province Nord

Pour nous qui aspirons à construire un avenir pleinement souverain, indépendant, avec tous ceux qui dans notre pays, au-delà de leurs différences culturelles et de leurs origines, veulent prendre leurs propres affaires en main et bâtir un avenir apaisé à nos enfants, le Festival Ânûû-rû Âboro est utile.

Il est utile en ce sens que le cinéma qu’il propose est fondamentalement politique. Pas parce qu’il délivrerait un message partisan mais parce qu’il considère le spectateur non pas comme un consommateur mais comme un acteur pour reprendre une formule qui m’est chère. Être acteur de sa vie, c’est aussi être un électeur au sens premier du mot, c’est à dire être en capacité de "choisir".

Le cinéma documentaire tel qu’il a été proposé par le festival dès sa création est un cinéma populaire et politique parce qu’il éveille les consciences et l’esprit critique des spectateurs, parce qu’il interroge, dérange, remue, travaille le spectateur au point qu’il n’est plus le même après le générique de fin. Ainsi le cinéma documentaire va-t-il à l’encontre des modes, de l’esprit du temps, d’une vision univoque du monde, des idées reçues, en un mot de l’ordre établi.

Cet ordre établi que nous récusons est celui des situations coloniales ou néo-coloniales, de la négation des identités des peuples et nations opprimés, du pillage des ressources naturelles, des migrations forcées, de l’exportation des matières premières sans valorisation sur place, de l’importation préférée à la création d’un tissu industriel local, de l’exploitation capitaliste, de l’oppression, du saccage de l’environnement sur toute la planète notamment dans les pays du tiers-monde.

Ânûû-rû Âboro propose un cinéma qui ose, qui parie sur l’intelligence des festivaliers. C’est à ce même pari sur l’intelligence que nous invitons les citoyens du pays qui demain devront construire en toute indépendance leur avenir et celui de leurs enfants.

René Boutin
Directeur artistique du festival Ânûû-rû Âboro

La programmation a pour particularité que le scénario se construit au visionnage. Partir de l’envie du spectateur, éviter une transmission anxiogène tout en reflétant le monde aujourd’hui, est une question primordiale et un exercice difficile, lorsqu’il faut trouver le juste équilibre entre partager la matière offerte par le réel et penser la programmation...
On imaginait les dogmes producteurs de charniers réduits en poussière et faisant partie du passé, mais nous devons l’admettre et revenir à la réalité… le Moyen Âge est aussi contemporain.
À l’heure où les images consternantes ne font plus d’effet, où le spectateur veut de l’émotion mais plus de leçon, quelles formes adopter pour diffuser de la connaissance, maintenir en éveil et ne pas se résigner à l’impensable...
Le documentaire travaille avec la réalité des gens, il est devenu un personnage familier ne visant pas seulement à entrer en contact avec les vies ou restaurer une vision déficiente du monde. Il communique, sous un angle qui permet d’informer et de conserver un intérêt pour le sujet.
Il invite à la fraternité quand l’information et les opinions sont manipulées par des discours démagogiques et populistes, terreaux des préjugés, des logiques d’exclusion et de la confusion dans le sentiment d’appartenance.
Programmer, c’est saluer l’audace, être ouvert aux vocabulaires risqués. Éviter de distribuer les bons points ou les contraventions.
Ni dans la continuité ni dans la rupture, l’édition 2017 s’ouvre au monde en mutation, parfois avec humour. Elle se situe forcément au-delà des évidences, transgresse les résistances entre les hommes et rend compte de l’importance du dialogue et des relations humaines.
Une nouvelle décennie s’ouvre pour le festival… et de nouveaux défis.
L’horizon affirme d’un trait franc la séparation entre nous et le monde. Et pourtant...