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Festival Ânûû-Rû Âboro - Pwêêdi Wiimîâ du 14 au 22 octobre 2016

Festival 2016

10ᶱ festival international du cinéma des peuples Ânûû-rû Âboro du 14 au 22 octobre 2016

Éditos

Paul Néaoutyine
Président de la Province Nord

Le festival Ânûû-rû Âboro a dix ans. Au cours de ces dernières années, la province Nord a accompagné politiquement donc financièrement ce festival dans sa démarche de donner à voir un autre cinéma, consacré aux peuples, un cinéma différent, un cinéma de création, hors des logiques marchandes et des modèles dominants. L’ambition initiale affichée ne s’est pas démentie, notre soutien non plus. Les films proposés par le festival ont ceci d’original qu’ils se démarquent radicalement de ce que les télévisions appellent documentaires. Ici pas de commentaires superfétatoires, pas de formats imposés, pas de tabous. Nous sommes dans le domaine de l’art, un domaine dans lequel l’esthétique est indissociable de l’éthique. Et je suis heureux de constater que notre télévision NCTV et notre festival collaborent désormais étroitement. Un festival différent, une télévision différente : c’est ce que nous souhaitions, le rapprochement s’imposait, il s’est imposé. Il s’imposait au nom de la cohérence nécessaire de la politique audiovisuelle publique, entre d’une part la production de films -c’est aussi une dimension d’Ânûû-rû Âboro- et d’autre part la diffusion qu’incarne NCTV. Cette cohérence profite à nos jeunes réalisateurs, elle induit une exigence de qualité, elle tire vers le haut.
Il y a dix ans, le premier festival Ânûû-rû Âboro avait organisé un débat sur le thème « quelle télévision pour quels enjeux » animé par Jean-Louis Comolli, cette télévision que nous appelions alors de nos voeux est devenu maintenant, non sans mal il est vrai, une réalité. Il y a dix ans, dans le premier éditorial du catalogue du festival, j’écrivais ceci : "Dans cette profusion d’images standardisées, assénées vite toujours plus vite, quelle est la place de l’homme vrai, « aji âboro », de celle ou de celui qui se refuse à entrer dans le moule et qui, en préservant sa culture et son environnement, contribue au patrimoine commun de l’humanité et aux échanges entre les peuples. Qu’aurions-nous à échanger si nous étions tous façonnés sur le même modèle ? Le secteur audiovisuel, dans notre Pays, est-il à l’image des hommes et des femmes qui le composent ? Est-il extravagant de penser qu’il faut aussi, dans la logique de l’Accord de Nouméa, décoloniser les images ? "
Avec NCTV et le festival Ânûû-rû Âboro, nous y sommes. Et je remercie Jean-François Corral et René Boutin d’avoir contribué à faire un pas décisif dans ce sens. Joyeux dixième anniversaire et longue vie à Ânûû-rû Âboro.

René Boutin
Directeur artistique du festival Ânûû-rû Âboro

Il y a quelque chose de l’enfance dans la 10ème édition d’un festival, les incertitudes et les difficultés de création ne sont plus d’actualité, et une forme d’adolescence autorise tous les possibles.
En suivant notre parcours, on remarque aisément que dès les premières éditions nous avons choisi des oeuvres hybrides, qui parlent autant de documentaire que de cinéma. L’homme devient ce qu’il contemple, et ce traitement esthétique de l’actualité s’imposait.
Solidement installé entre la nécessité de dire et la nécessité d’être, le festival interroge autant les sujets que les formes... Il existe pour questionner le hors champ de ses propres images.
Le documentaire de création est l’instrument privilégié pour raccourcir le chemin entre les hommes, pour entrer en contact avec les vies concrètes et s’interroger sur tous les aspects de la vie.
À l’heure où les cultures et les civilisations du monde cohabitent de façon perméable, les échanges incultes ou intéressés produisent des conflits, et sont autant l’origine de violences et de déstabilisations géopolitiques que de replis sur soi. Les traditions deviennent un repère confortable autant qu’un sujet identitaire, justifiant les rejets et les idéologies extrémistes nourries de la peur de ne plus exister. Le documentaire pense l’action et agit passivement. Il invite à la fraternité pour un monde pacifié. Il participe à l’évolution des consciences, qui fondent nos actes.
Programmer pour le festival, c’est aujourd’hui composer avec une matière de plus de 2000 films pour n’en retenir que 60, à la recherche de cohérence entre les enjeux du pays et le dialogue avec le public. La programmation, forcément subjective, parfois injuste, est une œuvre à part entière, complexe et protéiforme qui répond à toutes les exigences de la création contemporaine.
Programmer, c’est créer...
En cette importante date anniversaire, l’équipe d’Ânûû-rû Âboro vous souhaite un bon festival et remercie toutes les femmes et les hommes de l’ombre qui font de ce festival un réel succès populaire.